divendres, 4 de desembre del 2015

Pesebre climático en París


[Guy Sorman]

Mais admettons, pour éviter d'être brûlé comme hérétique, que le climat se réchauffe. Ce ne serait pas nouveau, puisque le propre du climat, de l'ère glaciaire à nos jours, est de changer tout le temps. La réponse de nos ancêtres fut de s'adapter à ce climat changeant, nouvelles récoltes, nouvel habitat, nouveaux modes de vie. Et le climat présent serait-il si parfait qu'il devrait rester immuable au point de tout devoir changer dans nos modes de vie ? Ne devrait-on pas plutôt réfléchir et investir sur la manière dont nous pourrions nous adapter à un climat changeant ? La question ne sera pas posée.

Rapprochons-nous un peu plus de la nouvelle idéologie régnante : la culpabilité du dioxyde de carbone à l'exclusion de tout autre facteur de réchauffement. Il existe une solution de caractère économique qui fait l'unanimité dans la communauté des économistes et s'appelle la "taxe carbone". Une taxe universelle sur la consommation de carbone à des fins énergétiques est facile à calculer : on sait mesurer la quantité nécessaire à la production de chaque objet et service. Cette taxe pourrait être appliquée, à un même taux, par chaque Etat ou prélevée au passage des frontières à l'occasion des transactions, comme l'est aujourd'hui la taxe à la valeur ajoutée. L'effet de cette taxe carbone serait doublement bénéficiaire : elle inciterait à utiliser moins de carbone et à investir dans la recherche des sources d'énergies alternatives, celles qu'aujourd'hui on ne connaît pas encore. Mais à la conférence, il n'en est pas question non plus : la solution serait trop simple et elle n'exigerait pas cette grande messe. Une solution de bon sens économique ne permettrait pas de se vautrer dans de grandes déclarations moralisatrices, ni de faire ses courses dans les grands magasins.

Il faut comprendre ces chefs d'Etat : en un seul mouvement, ils sont en vacances à Paris et ils sauvent la planète. La tentation est irrésistible d'échapper ainsi à la réalité : la réalité, c'est la guerre dans le monde arabe, la répression du peuple chinois, un million d'humains mal nourris parce qu'ils sont trop pauvres pour se nourrir, la guerre au Congo, le chômage en France, trois millions de Syriens en quête d'un refuge, la peste du terrorisme… Mieux "sauver le climat", sacrifier à cette nouvelle religion païenne où les hommes, avec leurs heurs et leurs malheurs, comptent moins que la Déesse Terre.